« Aujourd’hui, Jésus nous trace un chemin d’espérance »
RCF : Nous arrivons bientôt à la fin du Jubilé de l’espérance, souhaité par le Pape François. Avec un nouvel événement en Savoie : le pèlerinage des routes de l’espérance. Les catholiques de Chambéry, Maurienne et Tarentaise se retrouveront au sanctuaire Notre-Dame de Myans. Dans cette période troublée, c’est d’autant plus important d’approfondir ce que veut dire l’espérance chrétienne ?
Mgr Thibault Verny : Oui, cette année Sainte vient effectivement prendre place, vous l’avez souligné, dans un moment chargé par des conflits, des inquiétudes, des souffrances, des tensions. Et elle est l’occasion de prendre conscience que cette espérance que nous recevons est un cadeau du Seigneur. Et non pas une simple formule pour garder le sourire et nous forcer à faire comme si de rien n’était. Jésus s’est fait homme. Il prend notre condition et il nous trace un chemin d’espérance : « confiance, c’est moi, n’ayez pas peur ! ». Ce pèlerinage nous permettra de nous redire que notre espérance est un socle sur lequel nous pouvons nous appuyer. Jésus est vraiment ressuscité, comme nous nous exclamons le dimanche de Pâques ! J’ajoute que l’année Sainte ne se termine pas le 5 octobre, mais à la fin de l’année civile : nous refermerons aussi le Jubilé au sanctuaire de Myans.
RCF : Plus de 90 inscrits pour le premier module de la formation Kaléo, qui permet à tous les catholiques de Savoie de s’approprier les fondamentaux de la foi chrétienne. La formation vous tient à cœur. L’Eglise a besoin de laïcs qui soient à l’aise avec la théologie ?
Mgr Thibault Verny : On dit souvent : croire pour comprendre et comprendre pour croire. Cela fait partie de notre identité de baptisé de creuser notre foi pour mieux la vivre, pour mieux connaître celui en qui nous croyons et pour être envoyé dans le monde. Je ne me place donc pas uniquement sur le plan utilitaire. Par ailleurs, cela manifeste ce qu’est l’Eglise. Elle n’est pas seulement le fruit de réflexions et de responsabilités de quelques personnes formées, mais de tous les baptisés qui prennent leur part ! C’est bel et bien ensemble que nous cheminons. Et je me réjouis que cette formation soit donnée en présentiel à Chambéry, avec une transmission simultanée en visio à Moûtiers, Saint-Jean-de-Maurienne et Aix-Les-Bains. C’est une intuition pour que l’on puisse habiter nos territoires et rendre la formation accessible à tous.
RCF : Vous envoyez d’ailleurs en mission le 7 octobre tous les laïcs en mission ecclésiale qui œuvrent pour l’Eglise catholique de Savoie. Ils sont des maillons essentiels pour l’Eglise, sur ce grand territoire ?
Mgr Thibault Verny : C’est décisif d’avoir ces baptisés qui se dépensent au service de l’Evangile. Cet envoi manifeste aussi que dans l’Eglise, qui que nous soyons, nous sommes envoyés en mission. Nous ne sommes pas comme des professionnels qui, une fois diplômés, posent leur plaque et s’installent ! Nous nous mettons au service. La mission de l’Eglise est portée par l’ensemble du peuple de Dieu : prêtres, laïcs et consacrés. Et elle touche tous les pans de l’Eglise et de la société. Chacun, à son niveau, peut manifester l’espérance à notre monde.
RCF : A propos de mission, vous avez fait votre rentrée au Vatican, en tant que nouveau président de la commission pontificale pour la protection des mineurs. Comment allez-vous concilier cette mission avec celle d’archevêque ?
Mgr Thibault Verny : Comme pour mon prédécesseur à la commission, le Pape Léon XIV a fait le choix de nommer un évêque qui soit ancré les deux pieds dans un diocèse. Pour accomplir les tâches de la commission, je travaille avec un secrétaire et toute une équipe qui sont à plein temps à Rome. Plus une quinzaine de membres bénévoles de part le monde, dont je faisais partie. Je serais donc amené à aller tous les mois à Rome pour la commission, plus quelques déplacements : je l’ai expliqué fraternellement à tous les prêtres récemment et cela a été bien reçu. Par ailleurs, je n’ai plus de responsabilités particulières à exercer à la Conférence des évêques de France, ce qui me dégage du temps.
RCF : Une carte blanche, pour conclure ! Partagez nous une joie, une question ou une préoccupation.
Mgr Thibault Verny : Fin septembre - début octobre est une période de fêtes pour la communauté juive. Nous sommes tous bouleversés de ce qui se passe en Terre Sainte. Je suis marqué par le drame à Gaza et par ce que vivent aussi tous les chrétiens d’Orient. Et je suis aussi préoccupé par ce qui se passe en France. Parce que notre société est souvent clivante : on oppose les personnes. On est dans le « ou-ou » et pas dans le « et-et ». Comme citoyen et en plus comme archevêque, je suis triste de voir des communautés dans l’inquiétude et qui doivent célébrer des fêtes sous haute protection.
RCF : Justement, cette semaine, le Pape nous a invité à prier pour la paix.
Mgr Thibault Verny : Oui, prier et jeûner. On ne peut pas se satisfaire de cette situation et en même temps nous ne devons pas répondre à la violence par la violence.
